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Un jour

Un jour

Le médecin de la Cour d'après George Howard Vyse

Un jour, alors que le Roi mangeait sa soupe, une de ses dents commença à bouger. La Cour entière fut alertée et les médecins arrivèrent l'un après l'autre.
Le cas était grave car tout indiquait que l'heure était arrivée pour le Roi de perdre une dent. Toute la Faculté des médecins se réunit pour procéder à l'extraction de la dent. Le Président du Conseil, une personne très délicate et impressionnable, voulait chloroformer Buby, comme lui même le faisait chaque fois qu'il allait se couper les cheveux. 
Mais le Roi Buby était très courageux et vaillant, et il s'obstina à affronter le danger. Par prudence, il voulut quand même se confesser préalablement car il pensait que, si l'âme s'échappait de la blessure d'une lance, elle pouvait aussi le faire par le trou de sa dent. Ceci fait, le plus ancien des médecins de la Cour attacha alors un morceau de soie rouge autour de la dent, et, ensuite, il tira si habilement que, tandis que le roi faisait une grimace, il sortit la dent ronde et blanche comme une petite perle.
Le grand gentilhomme de garde la déposa sur un plateau en or et la présenta à Sa Majesté la Reine. Celle-ci convoqua le Conseil des Ministres pour leur demander leur opinion sur la suite des évènements. Certains voulaient la sertir en or et la garder avec le trésor du Royaume, d'autres proposaient de la placer au centre d'un bijou pour l'offrir à l'image de la Vierge, patronne du Royaume. L'opinion de ces ministres et courtisans semblait vouloir flatter la mère plutôt que de servir la Reine.
Comme toute femme intelligente, la Reine ne se fiait jamais aux flatteurs, et, fidèle aux traditions, elle décida que le Roi Buby devait écrire une lettre à la Souris Pérez et que, cette nuit même, il placerait la dent sous son oreiller comme tous les enfants ont coutume de faire depuis que le monde est monde et que la Souris Pérez vient ramasser les dents de lait des enfants pour leur laisser en échange un splendide cadeau.