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La variole

La variole

La variole

Notre habitation se composait

Notre habitation se composait

Les garçons de Bruxelles par Léon Frédéric

Notre habitation se composait d'une cuisine de cave et d'une mansarde ; toute la famille couchait dans celle-ci sur des loques.
Comme j'avais dix-sept ans, je ne voulais plus de cette promiscuité, et dormais dans le sous-sol, sur un vieux canapé. J'étais allée le matin chez une amie qui m'avait promis de me conduire à un théâtre où on demandait des choristes. On ne m'avait point acceptée parce que je ne connaissais pas le français. Découragée, j'étais restée chez cette amie jusque que tard dans la soirée.
Klaasje, mon petit frère de huit ans, souffrait depuis la veille de fièvre, accompagnée de tâches rouges sur tout le corps ; voilà que rentrée dans notre sous-sol, je trouve ma couche occupée par l'enfant, chez qui s'était déclarée une variole noire. Sur deux chaises accolées au canapé, mon frère Dirk, qui avait treize ans, était étendu avec le petit, figure contre figure, sur le même oreiller : il lui tenait les mains pour s'empêcher de se gratter, et inventait des histoires afin de le distraire.
Klaasje était un enfant d'une rare beauté. Je l'appelais mon petit lézard pour l'habitude qu'il avait de se cacher sous les meubles, lorsqu'il avait été méchant. La pensée qu'il pouvait être défiguré nous affolait tous.
Je me couchais sur le carreau, ne voulant monter près des garçons et des parents, et j'entendis Dirk raconter des histoires d'éléphants, qui s'étaient sauvés des tours de Sainte Gudule pour échapper aux puces qui les harcelaient.
L'enfant demanda, la langue épaissie par l'inflammation, où les puces pouvaient mordre les éléphants, puisqu'ils ont une grosse peau partout. Dirk était attrapé : il se tut un instant, puis répondit :
- Dans le cul.
Le petit fut pris d'un fou-rire si communicatif que nous nous tordîmes tous. Il dit alors, parlant de plus en plus difficilement :
- Je sais bien que ce sont des mensonges, mais raconte encore : c'est amusant quand même.
Et Dirk inventait, toute la nuit, des histoires.
Pendant toute la durée de la maladie, il resta près de l'enfant, lui tenant les mains pour l'empêcher de se marquer, et contant, figure contre figure, des choses abracadabrantes.