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Baba Yaga

Baba Yaga

Baba Yaga par Ivan Bilibine

Tout à coup il se fit grand bruit dans la forêt : les branches craquaient, les feuilles crissaient. Et Baba Yaga, la vieille sorcière, apparut dans la clairière !
Quel curieux équipage ! Baba Yaga voyage dans un mortier, le pousse avec un pilon, efface sa trace du balai…
Le mortier s'arrêta devant le portail. Baba-Yaga huma l'air et s'écria :
- Ça sent la chair humaine russe par ici ! Qui est-ce ? !
Toute tremblante, Vassilissa s'approcha en saluant bas :
- C'est moi, Vassilissa, grand-mère. Les filles de ma marâtre m'ont envoyée chez toi pour te demander du feu.
- C'est bon, je les connais, dit Baba-Yaga. Tu vas rester ici et me servir. Si le travail est bien fait, je te donnerai du feu, autrement, je te mangerai !
Baba Yaga se tourna vers le portail et cria :
- Déverrouillez-vous, cadenas résistants ! Large portail, ouvre-toi !
Le portail s'ouvrit et Baba Yaga roula dans la cour en sifflotant. Vassilissa la suivit. Et le portail se referma.
Une fois dans la maison, Baba Yaga s'affala sur un banc et ordonna à Vassilissa :
- Sers-moi à manger tout ce qui est au four ! Et dépêche-toi, j'ai faim !
Vassilissa se mit à la servir. Pâtés et rôtis, tartes et tourtes, jambons et soupes. Elle tira du cellier hydromel et eau-de-vie, bières et vins. De quoi boire et manger pour dix !
Baba Yaga mangea et but le tout. Elle ne laissa pour Vassilissa qu'un quignon de pain, un peu de soupe et un bout de cochon rôti. Puis elle dit :
- Demain, après mon départ, tu balayeras la cour, nettoieras la maison, prépareras le dîner, rangeras le linge. Après ça, tu prendras dans la huche un boisseau de blé que tu vas trier grain par grain. Et tâche que tout soit bien fait, sinon je te mangerai !
Elle se coucha et se mit à ronfler. Vassilissa mit devant sa poupée les restes du souper de Baba Yaga et lui dit en pleurant :
- Petite poupée, mange et écoute ma peine ! Si je ne fais pas tout ce travail, Baba Yaga va me manger !
- Ne crains rien, Vassilissa, lui répondit la poupée. Va dormir tranquille, le matin est plus sage que le soir !
Vassilissa se leva avant l'aube, mais Baba Yaga était déjà debout. Bientôt les yeux des crânes s'éteignirent. Passa le cavalier blanc et le jour se leva. Baba Yaga sortit dans la cour et siffla, aussitôt le mortier vint se ranger devant elle, avec le pilon et le balai. Le cavalier rouge passa et le soleil apparut. Baba Yaga monta dans son équipage et fila bon train. Elle voyage dans un mortier, le pousse du pilon, efface sa trace du balai…
Restée seule, Vassilissa fit le tour de la maison, admira la richesse et l'abondance en se demandant par quel bout commencer le travail quand elle vit que tout était déjà fait. La poupée triait les derniers grains de blé. Vassilissa l'embrassa :
- Comment te remercier, ma poupée chérie ! Tu m'as sauvé la vie.
La poupée grimpa dans sa poche en disant :
- Tu n'as plus que le dîner à préparer. Puis repose-toi.
Au soir tombant, Vassilissa mit la table. Bientôt le cavalier noir passa et la nuit tomba. Les yeux des crânes s'étaient allumés, on entendit les branches craquer, les feuilles crisser, c'est Baba Yaga qui arrivait. Vassilissa sortit à sa rencontre.
- Le travail est-il fait ? , demanda Baba Yaga.
- Vois par toi-même, grand-mère, répondit la jeune fille.
Baba Yaga inspecta tout, regarda partout sans trouver rien à redire. Elle grogna :
- Bon, ça peut aller…
Puis elle appela :
- Fidèles serviteurs, mes amis de cour, venez moudre mon blé !
Alors trois paires de bras apparurent et emportèrent le grain hors de la vue. Baba Yaga dîna et se coucha en disant :
- Demain, en plus de tout ce que tu as fait aujourd'hui, tu vas trier un boisseau de graines de pavot. De la terre s'y est mêlée, tâche qu'il n'en reste pas trace, sinon je te mangerai !
Elle se mit vite à ronfler. Vassilissa servit sa poupée qui mangea et lui dit comme la veille :
-Va dormir tranquille, tout sera fait, Vassilissa chérie. Le matin est plus sage que le soir !
Le lendemain, Baba Yaga partit. Vassilissa et sa poupée firent tout le travail en un tournemain. A son retour, Baba-Yaga inspecta tout, regarda dans tous les recoins, ne trouva rien à redire. Elle appela :
- Fidèles serviteurs, mes amis de cour, venez presser l'huile de mes graines de pavot !
Trois paires de bras apparurent et emportèrent les graines hors de vue. Baba-Yaga s'attabla pour dîner. Vassilissa la servait en silence et la sorcière grommela :
- Pourquoi ne dis-tu rien ? Tu es là, comme une muette !
- C'est que je n'osais pas, grand-mère ! Mais si tu le permets, je voudrais bien te demander quelque chose.
- Demande ! Mais toute question n'est pas bonne à poser. D'en savoir trop long, on vieillit trop vite !
- Je voudrais que tu m'expliques ce que j'ai vu, grand-mère. En venant chez toi, un cavalier blanc m'a croisée. Qui est-il ?
- C'est mon jour clair, répondit Baba Yaga.
- Après ça j'ai vu un cavalier tout rouge, qui est-ce ?
- C'est mon soleil ardent.
- Et puis j'ai vu un cavalier tout noir, qui est-ce ?
- C'est ma sombre nuit, répondit Baba-Yaga. Tous trois sont mes serviteurs fidèles !
Vassilissa pensait aux trois paires de bras, mais n'en souffla mot. Baba-Yaga lui dit :
- Eh bien, tu ne me poses plus de questions ?
- J'en sais bien suffisamment pour moi, grand-mère ! Tu l'as dit toi-même : à trop savoir, on vieillit vite.
- C'est bien, approuva Baba-Yaga. Tu interroges sur ce que tu as vu dehors, pas sur ce qui se passe dedans. J'entends laver mon linge en famille, et les trop curieux, je les mange ! Et maintenant c'est mon tour de te poser une question : comment arrives-tu à faire tout le travail que je te donne ?
- La bénédiction maternelle me vient en aide, grand-mère.
- C'est donc ça ? Eh bien, fille bénie, va-t-en, et tout de suite ! Je n'en veux pas, de bénis, chez moi !