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La Belle au château de la Bête

La Belle au château de la Bête

La Belle au château de la Bête

La Belle se promenant dans le château, illustration par Walter Crane

Lorsqu'il fut parti, la Belle s'assit dans la grande salle, et se mit à pleurer aussi ; mais comme elle avait beaucoup de courage, elle se recommanda à Dieu, et résolut de ne se point chagriner, pour le peu de temps qu'elle avait à vivre ; car elle croyait fermement que la Bête la mangerait le soir.
Elle résolut de se promener en attendant, et de visiter ce beau château. Elle ne pouvait s'empêcher d'en admirer la beauté. Mais elle fut bien surprise de trouver une porte sur laquelle il y avait écrit : Appartement de la Belle. Elle ouvrit cette porte avec précipitation, et elle fut éblouie de la magnificence qui y régnait : mais ce qui frappa le plus sa vue, ce fut une grande bibliothèque, un clavecin, et plusieurs livres de musique. On ne veut pas que je m'ennuie, dit-elle tout bas ; elle pensa ensuite : Si je n'avais qu'un jour à demeurer ici, on ne m'aurait pas fait une telle provision. Cette pensée ranima son courage. Elle ouvrit la bibliothèque, et vit un livre où il y avait écrit en lettres d'or : souhaitez, commandez ; vous êtes ici la reine et la maîtresse. Hélas ! dit-elle en soupirant, je ne souhaite rien que de revoir mon pauvre père, et de savoir ce qu'il fait à présent.
Elle avait dit cela en elle-même : quelle fut sa surprise, en jetant ses yeux sur un grand miroir, d'y voir sa maison, où son père arrivait avec un visage extrêmement triste. Ses soeurs venaient au-devant de lui ; et malgré les grimaces qu'elles faisaient pour paraître affligées, la joie qu'elles avaient de la perte de leur soeur paraissait sur leur visage. Un moment après, tout cela disparut, et la Belle ne put s'empêcher de penser que la Bête était bien complaisante, et qu'elle n'avait rien à craindre d'elle.
A midi, elle trouva la table mise ; et pendant son dîner, elle entendit un excellent concert, quoiqu'elle ne vît personne. Le soir, comme elle allait se mettre à table, elle entendit le bruit que faisait la Bête, et ne put s'empêcher de frémir.
La Belle, lui dit ce monstre, voulez-vous bien que je vous voie souper ?
Vous êtes le maître, répondit la Belle en tremblant.
Non, répondit la Bête, il n'y a ici de maîtresse que vous. Vous n'avez qu'à me dire de m'en aller, si je vous ennuie ; je sortirai tout de suite. Dites-moi, n'est-ce pas que vous me trouvez bien laid ?
Cela est vrai, dit la Belle, car je ne sais pas mentir, mais je crois que vous êtes fort bon. Vous avez raison, dit le monstre ; mais, outre que je suis laid, je n'ai point d'esprit : je sais bien que je ne suis qu'une Bête. On n'est pas Bête, reprit la Belle, quand on croit n'avoir point d'esprit : un sot n'a jamais su cela.
Mangez donc, la Belle, lui dit le monstre, et tâchez de ne vous point ennuyer dans votre maison ; car tout ceci est à vous ; et j'aurais du chagrin si vous n'étiez pas contente.
Vous avez bien de la bonté, dit la Belle. Je vous avoue que je suis bien contente de votre coeur ; quand j'y pense, vous ne me paraissez plus si laid.
Oh ! dame, oui, répondit la Bête, j'ai le coeur bon ; mais je suis un monstre.
Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la Belle ; et je vous aime mieux avec votre figure que ceux qui avec la figure d'hommes cachent un coeur faux, corrompu, ingrat.
Si j'avais de l'esprit, reprit la Bête, je vous ferais un grand compliment pour vous remercier ; mais je suis un stupide, et tout ce que je puis vous dire, c'est que je vous suis bien obligé.
La belle soupa de bon appétit. Elle n'avait presque plus peur du monstre ; mais elle manqua mourir de frayeur lorsqu'il lui dit :
La Belle, voulez-vous être ma femme ?
Elle fut quelque temps sans répondre ; elle avait peur d'exciter la colère du monstre en le refusant : elle lui dit pourtant en tremblant :
Non, la Bête.
Dans le moment, ce pauvre monstre voulut soupirer, et il fit un sifflement si épouvantable, que tout le palais en retentit : mais Belle fut bientôt rassurée ; car la Bête, lui ayant dit tristement :
Adieu donc, la Belle, sortit de la chambre, en se retournant de temps en temps pour la regarder encore.
La Belle se voyant seule, sentit une grande compassion pour cette pauvre Bête : Hélas, disait-elle, c'est bien dommage qu'elle soit si laide, elle est si bonne !